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Dégustations

Vignoble de Madiran – 2000

Connu d’un petit nombre d’amateurs et apprécié comme un vin corpulent, très tannique, le madiran est devenu, sous la houlette de quelques viticulteurs, un vin rouge profond, dense, puissant et fin, offrant là le rare exemple d’un vignoble traditionnel ayant réussi sa mue avec éclat.
Vin N°

Pacherenc du Vic Bihl Sec 1997

Château Bouscassé
Fiche de dégustation Pacherenc du Vic Bihl Sec 1997
Vin N°

Pacherenc du Vic Bihl Sec 1997

Château Montus
Fiche de dégustation Pacherenc du Vic Bihl Sec 1997
Vin N°

Madiran 1995

Château Bouscassé
Fiche de dégustation Madiran 1995
Vin N°

Madiran 1995

Château Montus
Fiche de dégustation Madiran 1995
Vin N°

Madiran 1997

Château D'Aydie
Fiche de dégustation Madiran 1997
Vin N°

Madiran Vieilles Vignes 1996

Château Bouscassé
Fiche de dégustation Madiran Vieilles Vignes 1996
Vin N°

Madiran Cuvée Prestige 1996

Château Montus
Fiche de dégustation Madiran Cuvée Prestige 1996
Vin N°

Pacherenc du Vic Bihl Vendémiaire 1997

Château Bouscassé
Fiche de dégustation Pacherenc du Vic Bihl Vendémiaire 1997
Vin N°

Pacherenc Du Vic Bihl Brumaire 1997

Château de Bouscassé
Fiche de dégustation Pacherenc Du Vic Bihl Brumaire 1997

Les vins ont tous été dégustés à l’aveugle et dans les meilleures conditions possibles, un membre de club (qui animera la dégustation) reçoit des informations quant à la préparation des vins, température de service, carafage, ouverture…

Le Château Montus et le Château Bouscassé à Maumusson

Du Madiran élevé à 2100 mètres d’altitude ? Alain Brumont a déposé vingt quatre barriques de château montus 87 au sommet des Pyrénées. Pour voir si le vin allait se bonifier, comme le veut une tradition locale. De quoi bouleverser une fois de plus la vie paisible d’un très ancien vignoble.
C’est ici au XIème siècle, que les moines fondent une abbaye pour réconforter les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ces derniers assurent le début de la renommé des vins du « Vic-Bilh-Madiran » : ils donnent la force de traverser les montagnes !
Le pinot à disparu, les pèlerins s’en vont boire de l’eau à lourdes, le madiran subit une longue éclipse. Il ne se relèvera qu’en 1958 avec le décret de classement AOC.
Le Domaine Bouscassé date de 1836. La viticulture gasconne était alors en pleine expansion. On cultive pinot, tannat et cabernet. La famille Brumont élabore des vins réputés avec un empirisme basé sur une solide tradition orale et des pratiques qui font aujourd’hui sourire : les fûts sont ouillés avec des cailloux, les bouteilles de trois litres sont couchées en cave et recouvertes d’épaisses couches de sable. Elles sont bien entendues cirées : des ruches dont on jette le miel sont là pour fournir la matière première.
Les ventes au domaine ont lieu chaque trimestre et sont l’occasion de rustiques et roboratives agapes célèbres alentour. De toute la région convergent les voitures à chevaux des notables, notaires, médecins, clergé. Daubes odorantes, ragoûts de mouton et haricots tarbais cuits lentement dans l’âtre, garbures trempées du solide pain de ferme, mettent en valeur le vin nouveau. L’arrière grand-père marque toutefois dans un cahier les quantités parfois astronomiques de vin absorbées par les invités pour vérifier si d’aventure, ils boivent pas plus qu’ils n’achètent !
C’étaient des temps bénis, des scènes à la Renoir, matinés de Pagnol, et personne n’avait entendu parler d’un petit puceron américain appelé phylloxéra.
En 1883, c’est le ravage. Il faut attendre 1950 pour qu’Alban Brumont reconstitue la propriété avec des cépages nobles. Il hisse Bouscassé au rang des meilleurs producteurs, collectionnant médailles et distinctions, devenant l’un des artisans du renouveau de pacherenc avec la mise en avant du cépage arrufiat. En 1978, son fils Alain prend les rênes. Génial autodidacte, jeune chien fou, il va basculer les habitudes et les mentalités. Il faut avouer que la madiran dormait un peu sur ses mosaiques galloromaines et se perdait en querelles bysantines sur les mérites respectifs des cabernets et des tannats. A son entrée en scène, Alain Brumont a des idées bien arrêtées et une ambition un peu folle : faire de son madiran une star. Il ne s’agit pas d’endimancher son vin, mais de le rééduquer.
On le voit alors hanter les chais les plus prestigieux, côtoyer les maîtres de chai les plus célèbres, demander conseil aux œnologues les plus pointus. Le jeune homme pressé de se faire les dents aurait pu verser dans la facilité, jouer sur la mode du cabernet-sauvignon, comme tant d’autres. Non, lui, le fils d’Alban, est persuadé que ce tannat tant décrié peut être un grand cépage noble. A condition d’être récolté très mûr et à petit rendement sur les parcelles de qualité.

Cette foi dans la tradition va l’amener à créer un nouveau vignoble sur des terrasses caillouteuses pauvres et bien drainées de l’ancienne moraine glaciaire de Castelnau. En fait, c’est une reconstitution : Château Montus, avec ses fondation du XVIIIème siècle, a toujours porté de la vigne. Ses vins, avant le phylloxéra, étaient servis sur les grandes tables et voisinaient déjà avec les meilleurs.
Au 8 hectares déjà planté, Alain Brumont ajoute presque 80% de tannat. Il y croit. C’est alors une lutte incessante pour maîtriser l’exubérance naturel du cépage. Densité plus élevée, taille plus courte , tombée de raisins indésirables début juillet, maturités poussées, la matière première du Château Montus concentrée et mûre. Il faut dire que le premier Millésime, 82, arrange bien les choses.
Le deuxième effort porte sur les vinifications et l’élevage. L’aménagement d’un chai avec cuves inox dans un bâtiment classé monument historique, et la construction d’un chai à barrique lui permettent de mettre en pratique ses conceptions : hautes températures de fermentations, macérations très longues, élevage en fûts neufs. Le jeune homme studieux à retenu ses leçons.

Le succès est immédiat. A ses dons de vigneron, Alain Brumont sait ajouter un indéniable talent de communication. Il faut le reconnaître, ce tannat est devenu…méconnaissable ! oubliées les acidités redoutables, envolée l’astringence, effacées la rudesse et la rusticité. La formidable structure tannique du madiran n’est plus le sac d’os d’autrefois. Elle est habillée de chair, de muscle et de gras. Les tannins se sont révélés aptes à se marier à ceux du bois, tout en gardant leur personnalité. Une véritable révolution, Brumont est d’ailleurs suivi dans sa démarche par toute les jeunes génération du Maridannais, les fils Laplace, Lafitte, Ducourneau, Barré, etc. Tous se tournent vers la concentration et l’élevage sous bois. Les années suivantes, alors que les vignes vieillissent, il affine son approche. La sélection des meilleures parcelles le conduit à élaborer en 85 une cuvée spéciale, la cuvée Prestige : 100% de tannat, élevé 16 mois dans 100% de bois neuf. Une véritable bombe qui, dégustée à l’aveugle au milieu des meilleurs trompe les palais des dégustateurs les plus avertis. Il place cette cuvée chez les plus grands restaurateurs, Gérard Troigros, Senderens, Trams, Bras, Daguin. Le madiran s’installe sur les cartes où le vocable même était inconnu ! Le jeune homme moderne et bouillonnant n’oublie pas ses racines. Le Domaine Bouscassé, celui de son père et de son grand-père, avec ses coteaux argilo-calcaires et ses vieilles vignes, mérite autant d’attention que Montus. Il dote Bouscassé d’un chai à barriques souterrain, avec une architecture à voûtes modulaires unique dans le Sud-ouest, signé par l’architecte Lay, et d’une tour de gasconne pour les dégustations. Un « jardins des odeurs », où chaque appellation possédera son massif, ses cépages spécifiques et les plantes aromatiques qui rappellent le bouquet du vin est en cours de plantation. Le financement de ces travaux pharaoniques est assuré par une souscription originale : ces parts réparties entre les entreprises régionales et les particuliers assurant aux acheteurs 15% d’intérêt en bouteille pendant 30 ans.
Sur ce Domaine Bouscassé, une cuvée « Vieilles vignes » avec 90% de tannat et 10% de fer servadou est, depuis le millésime 87, le pendant et le futur concurrent du « Prestige » de Château Montus
La cuvée Vieilles Vignes de ce domaine appartenant à Alain Brumont est certainement l’expression la plus fidèle et la plus aboutie du style authentique de Madiran .Il est très dommage que le fossé soit important entre cette cuvée et la cuvée normale du domaine, très populaire en restauration mais souvent d’une excessive souplesse.
Montus possède un style flamboyant et « sphérique » (tout en rondeur, sans aucun angle) qui n’appartient qu’à lui et demeure très différent des canons habituels de l’appellation.

Les Appellations :

Madiran

Aoc : depuis 1948 en rouge
Superficie : 1512 hectares
Sols : argilo-calcaires, graves.
Climat : atlantique
Cépages : tannat, cabernets, fer servadou
Volume produit : 75 000 hectomitres

A Madiran un cépage règne en maître, le bien nommé tannat qui a longtemps enfanté des vins rustiques, très tanniques, que seuls les gosiers des irréductibles mangeurs de canards gascons pouvaient trouver à leur goût. Et pourtant ce cépage est bien sur son terroir natal. Bien né, il attendait simplement une bonne éducation. Si certains cépages, le cabernet-sauvignon par exemple, peuvent supporter de haut rendement sans trop perde de leurs qualités (il suffit pour s’en convaincre de goûter un cabernet chilien à 150 hectolitres par hectare !), le tannat, tout comme la syrah, fait partie de ceux qui ne se révèlent qu’en dessous de 45 hectolitres. On a alors l’impression d’un tout autre cépage, capable de donner des vins nobles et racés qui ont perdu leur rusticité en deux coups de sécateur.

S’il faut rendre les hommage à la génération précédente qui, avec des Laplace ou des Vigneau avaient montré la voie, la tendance fut un temps d’essayer d’amabiliser ce tannat rebelle, avec une plus forte proportion de cabernets, francs ou sauvignons, voire de fer servadou, les autres cépages autorisés. Le madiran y gagnait en caractère commercial ce qu’il risquait de perdre en personnalité.
Il a fallu attendre l’arrivée d’un véritable leader, Alain Brumont, qui a fait exploser les idées reçues, révélé un savoir faire exceptionnel et un savoir qui ne l’était pas moins, suivi par une bande de copains – les fils Laplace, Patrick Ducournau, Jean-Marc Lafitte et Didier Barré – pour que la révélation (nous sommes pas loin de Lourdes) du tannat apparaisse au grand jour. Les moments de la stupeur ou de la résistance passés, toute l’appellation a emboîté le pas et le syndicat a mis en place une commission d’une extrême sévérité pour passer dans les parcelles, relever les rendements et conseiller d’éliminer le surplus de vendange, sous peine de déclassement. Une belle façon de discipline pour toutes les Aoc de France et de Navarre qui pourraient en prendre de la graine.
On peut donc désormais se souvenir que Madiran est un très ancien vignoble, initié par les moines bourguignons qui ont établi ici leur abbaye, sur un des chemins du pèlerinage de Compostelle. Les pèlerins puisaient alors dans les vins de ce piémont la force et la foi nécessaire pour affronter les neiges des cols pyrénéens. Un vignoble qui a réussi à atteindre 1400 hectares au XIXe siècle, avant d’être détruit par le phylloxéra.
Reconstitué grâce aux efforts d’une cave coopérative dynamique, Madiran obiendra son classement en Aoc en 1948, avec une cinquantaine d’hectares, à peine ! A présent Madiran est assurément le leader du sud-ouest, sa notoriété a explosé au cours des années quatre-vingts, sous l’impulsion du génie médiatique de quelques-uns et de la reconnaissance de la qualité de ses vins. Puissants, virils, capables d’affronter les longues gardes, ce sont désormais les meilleurs ambassadeurs de Gascogne sur les grandes tables.
La géologie se moquant des découpages administratifs comme de son premier plissement, le vignoble madirannais se partage trois départements, le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques, sur deux régions, Aquitaine et Midi-Pyrénées. Avec les Pyrénées qui barrent la toile de fond du paysage, c’est un vignoble de coteaux, avec des sols Argilo-calcaire ou graveleux, sur des sous-sols de gres, argile compacte. 1512 hectares produisent 75 000 hectolitres. Les vignes sont cultivées en demi-hautain, avec des densités de 3 000 pieds par hectare, les nouvelles plantations sont plus serrées.
Le climat est fortement teinté d’atlantisme, avec des printemps pluvieux et ses automnes secs. Les montagnes protègent des influences pluvieuses du sud-ouest, avec un effet de fœhn réchauffant. En 1987 par exemple, le vignoble était au sec alors que la Gironde avait les pieds dans l’eau !
Si la viticulture a changé de visage, les vinifications se sont affinées, avec de longues macérations, voire des pigeages qui commencent à apparaître. Les élevages sont longs, un madiran doit obligatoirement attendre un an minimum avant d’être mis sur le marché. L’usage des élevages en barrique se développe, les tannins du tannat sont assez constitués pour ne rien perdre et se marier à ceux du chêne. Cette appellation possède aussi son professeur Nimbus en la personne de Patrick Ducournou qui a mis au point un procédé de micro-oxygénation des vins dont le succès a largement dépassé les frontières du Madirannais, avant de s’abandonner dans les bras écolos de la biodynamie !

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Pacherenc :

Aoc : depuis 1948 en blancs secs et moelleux.
Sols : argilo-silicieux
Cépages : arrufuac, petits et gros manseng, courbu, sauvignon, sémillon
Volume produit : 4 500 hectolitres.

Confidentiel il y a peu, la production du Pacherenc du Vic Bilh, le madiran blanc, atteint désormais les 4 500 hectolitres, ce qui est loin de la marginalité. Produits sur la même zone d’appellation que le madiran, avec cependant une tendance à privilégier les sols argilo-silicieux, les vins peuvent être secs ou moelleux. Pendant longtemps le style a quelque peu balbutié cherchant son identité. Deux raisons à cela : d’abord une multiplicité de cépages qui vont de l’arrufiac traditionnel aux petits et gros mansengs, en passant par les courbu, sauvignon et sémillon ; ensuite une volonté de se positionner par rapport aux jurançons qui se trouvent en concurrence directe. Suivant la proportion de mansengs dans l’assemblage, on se rapprochera peu ou prou du style des vins béarnais.
En vins secs, les pacherencs sont floraux, avec une belle tenue en bouche, moins vifs que les jurançons et certains présentent un gras tout à fait remarquable. En moelleux, on peut trouver les arômes primaires, mais aussi de véritables liquoreux issus de tries successives : ceux d’Alain Brumont qui sont étiquetés Octobre, Novembre ou Décembre, ou ceux de la cave Saint-Mont, la cuvée de Saint-Albert, qui voudrait bien imiter les vendanges tardives jurançonnaises.

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( Cet exposé a été élaboré à partir d’articles de la Revue des Vins de France )

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